Login

Un grand soir de la gestion des risques  Un grand soir de la gestion des risques ?

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Impossible cette fois de se dérober ! Le désastre – inédit – lié au dernier gel fait que la réforme du dispositif de couverture des risques climatiques, maintes fois promise par les gouvernements successifs mais toujours repoussée, va devoir être rapidement mise en œuvre. Le Premier ministre a d’ailleurs appelé à une « refondation du logiciel », tant celui actuellement en place montre son inadaptation face à des phénomènes extrêmes de plus en plus récurrents en raison du dérèglement climatique. Pour savoir vers quoi on se dirige, il faut se baser sur les dernières déclarations du ministre de l’Agriculture et sur le rapport que lui a remis le député LREM Frédéric Descrozaille, ancien directeur d’Interfel et du CNJA (lire page 14).

Si une telle réforme n’a jamais abouti, c’est aussi parce qu’elle a toujours buté sur des questions de financement et d’équilibre du système (pour l’assurance multirisque climatique, MRC, le rapport sinistres-cotisations chez les assureurs est régulièrement déficitaire). Or, un Rubicon important vient d’être franchi par le ministre, puisque Julien Denormandie a affirmé que « la couverture du risque climatique ne peut pas reposer sur un financement à 100 % par le monde agricole ». Si c’est effectivement suivi d’effet, une plus large mutualisation de ce risque pourrait donc être obtenue. Non pas en rendant l’assurance obligatoire, comme ce fut longtemps envisagé, mais en faisant, notamment, participer l’ensemble des Français au nouveau dispositif. Puisque nos concitoyens ont (re)découvert ce que valait la souveraineté alimentaire à l’occasion de la crise de la Covid, il ne serait pas illégitime de les solliciter pour sécuriser leur assiette ! Il est ainsi évoqué dans le rapport Descrozaille une cotisation additionnelle de 2 % sur la ligne « Cat Nat » des assurances auto et habitation.

Plus largement, nombre d’arbitrages restent encore à faire sur la base des propositions rendues, qui refondent assez significativement l’articulation entre assurance privée et la protection publique, poussent les feux dans le registre de la DEP (déduction pour épargne de précaution) et mettent en avant un soutien accru aux moyens de protection. Dans l’immédiat, il est possible que la France mette en œuvre rapidement le règlement Omnibus, permettant de subventionner à 70 % l’assurance MRC et d’abaisser à 20 % au lieu de 30 % son seuil de déclenchement. Et puisque Julien Denormandie vient d’annoncer « un Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique » avant l’été, souhaitons que cela se traduise par un déblocage effectif des créations de réserves. Il y a aussi urgence de ce côté-là, alors que la sécheresse menace à nouveau notre territoire. Cela semble indissociable d’une réflexion sérieuse sur les dispositifs de gestion des risques.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement